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Filles du soleil

Elles voyaient la métropole comme un Eldorado. Le moyen de fuir une condition sociale marquée au sceau de la couleur de la peau, en héritage de siècles d’esclavagisme puis de colonialisme…
Plaies toujours à vif, en ces contrées lointaines des Îles de La Réunion ou Maurice, de Madagascar ou d'Afrique.
Quant à eux, petits paysans ou artisans ruraux de l’Aveyron, ils avaient assisté, sidérés et silencieux, à l’effondrement de leur monde. Ici, dans ces territoires ruraux oubliés, « les Trente Glorieuses » avaient rimé avec une "révolution verte" doublée d'un exode massif des filles du pays vers le salariat et la ville, fuyant ainsi le carcan d’une société rigide et patriarcale. Des sociologues avaient alors parlé de « la fin des paysans ».
Voilà comment tant d’hommes en âge de poursuivre le sillon tracé par leurs aïeux s’étaient retrouvés célibataires malgré eux, placés de fait dans l’impossibilité de fonder un foyer et de transmettre l’essentiel à leurs yeux, c'est-à-dire leur terre, matrice depuis la nuit des temps de leur identité.
C’est à partir de cette conjonction improbable d’attentes si éloignées les unes des autres qu’à la fin des années soixante se sont formés ces premiers couples dits « mixtes », par le biais d’agences matrimoniales ou à l'aide des multiples petites annonces publiées dans « Le Chasseur Français ».
Avec, souvent, pour elles, de cruelles désillusions dès la descente d’avion, mais aussi avec, parfois, de vraies histoires d’amour nouées au quotidien, et vécues au long cours si tant est que tombent les idées reçues…

Photographies réalisées en Aveyron au cours des années 1998 et 1999 .